Bergstamm sur le blog de Francis Richard

Merci à Francis Richard pour sa note de lecture sur son blog! Vous pouvez retrouver l’original ici.

Il y a dans le roman de Pierre Fankhauser trois écrivains qui se déduisent en quelque sorte les uns des autres: le Maître qui est le prototype, Walter Bergstamm et Werner Bachmann qui en sont les imitations dérivées.

Le Maître enseigne au Gymnase de la Cité à Lausanne et la plupart de ses élèves le nomment malicieusement Dieu. Il est le premier Suisse à avoir obtenu le Prix Goncourt. Voilà sans doute le pourquoi de ce nom de Dieu.

Walter Bergstamm est un élève de Dieu. Il n’arrête pas d’essayer de copier Dieu. Par mimétisme il veut être reconnu comme un Grand Créateur et n’a donc de cesse de recevoir sa bénédiction et de bénéficier de son aura.

Werner Bachmann est le personnage principal d’un roman, inclus dans celui de Pierre Fankhauser, écrit par Walter Bergstamm, Sous le Regard de Dieu, titre significatif, où il confesse un épisode peu glorieux de sa vie.

Les rapports entre le Maître et Bergstamm font l’objet d’un autre roman dans le roman, écrit cette fois par un élève de Bergstamm, Marc Barrault, qui lui a donné pour titre La Double Passion de Walter Bergstamm.

Les impudiques Dieu et Bergstamm se ressemblent. Ce sont des compagnons d’âmes, qui se battent pour les mêmes idéaux, égaux dans leurs buts et leurs aspirations, et qui se seront disputé un moment la même muse…

Entre les chapitres des deux romans, le dénommé Marc Barrault livre au cours d’un entretien accordé à une journaliste une face cachée de Bergstamm, qui éclaire le titre de son propre roman et qui n’apparaît qu’en filigrane.

Les thèmes de ces trois écrivains, qui sont en fait quatre, sont la littérature et la gloire, la mort et le suicide, le sexe, qui y occupe beaucoup de place (c’est la vie), et eux-mêmes, car, comme le dit Marc Barrault à propos de son livre:

Ce roman parle de moi, pour la bonne et simple raison qu’on parle toujours, systématiquement et strictement de soi.

Francis Richard

PS:

Le personnage du Maître est bien évidemment inspiré de Jacques Chessex, décédé il y a tout juste dix ans aujourd’hui et à qui j’ai dit adieu à ma façon, trois jours plus tard, à la Chapelle Saint-Roch à Lausanne.

Bergstamm, Pierre Fankhauser, 208 pages, BSN Press

Livre précédent:

Sirius (2014)