La quadrature de la table ronde

– Mais peut-être qu’à ce stade, il faudrait quand même s’assurer que tous ces auteurs seront là le même jour…

Après une bonne heure de discussion au sujet des différentes manières d’asseoir nos invités autour d’un nombre non négligeable de tables rondes, discussion nourrie d’arguments thématiques, stylistiques, génériques et parfois polémiques, rien de tel que le pragmatisme inébranlable de Jacques pour remettre les pendules à l’heure.

– Bon: reprenons.

Chacun retourne à son cahier, souligne, entoure, trace, dessine des petites flèches et les propositions se mettent à rebondir de plus belle à travers cette salle à manger pleine comme un œuf.

– Moi je dirais que celui-ci, on pourrait le mettre avec ces deux autres, non?

– Il parle de la Deuxième Guerre mondiale dans ses livres?

– Non, de la guerre d’Espagne. Disons que c’est aussi une guerre…

– Déjà qu’on m’a souvent accusé d’aligner des noix sur des bâtons, là je crois qu’on va pas pousser.

Une fois vérifiés et revérifiés la présence de chacun, les desiderata – parfois fort nombreux – de certains animateurs, la disponibilité et la taille des différents lieux de rencontre, reste encore à évaluer les distances entre les lieux en question pour s’assurer de la possibilité offerte auxdits animateurs de se déplacer de l’un à l’autre dans les délais requis, ceci afin d’éviter de douloureux contretemps.

– Après, on pourrait lui demander d’animer cette table ronde sur la croisière qui…

– Non, là, ça va pas être possible: ce bateau, il part de Genève, pas de Morges…