Made in Switzerland

La pénombre de la scène est mangée peu à peu par une batterie de projecteurs frontaux. Une femme nue, allongée sur le sol, roule vers le public, puis vers les projecteurs. Encore. De plus en plus vite. Ce sont d’abord les lignes de son corps qui sont dessinées, puis son mouvement. Arrive un moment où les claquements de sa chair sur le sol couvrent chacune des images. Alors, ses membres se rassemblent sous une lumière verticale et crue, puis se déploient dans un ballet sculptural. Le moins qu’on puisse dire, c’est que l’esthétique développée par Estelle Héritier est radicale. S’il est possible d’inscrire sa démarche dans certaines tendances émergentes actuelles – on peut penser à Gilles Jobin, pour lequel elle a d’ailleurs dansé -, la chorégraphe a su néanmoins travailler l’épure à travers une approche personnelle. Daniel Demont, illusionniste discret de l’architecture lumineuse, est aussi pour beaucoup dans la finition de cette pièce. Si on excepte une scène finale un peu parachutée, la cohérence du tout est plus que prometteuse. Pierre Fankhauser

Chorégraphie: Estelle Héritier. Genève, Théâtre de l’Usine. Du 26 au 28 janvier. Ve et sa 20 h 30, di 18 h. Rens. (022) 328 08 18.