Veneno dans l’Hebdo!

Un grand merci à Isabelle Falconnier pour son article dans L’Hebdo!

Roman: le goût de Buenos Aires

Jolie surprise que nous proposent Giuseppe Merrone, à l’enseigne de son label BSN Press, et le Lausannois Pierre Fankhauser, âme des rencontres littéraires de l’association Tulalu!?, qui signe sa première traduction avec un texte trash et lyrique ramené de sept années passées à Buenos Aires. Signé Ariel Bermani, représentant d’une nouvelle vague argentine née avec le millénaire, révélé par le prix Emecé en 2006, écrivain et poète né dans la banlieue de Buenos Aires en 1967, Veneno est un roman au charme trouble, vénéneux, rageur, sensuel et mélancolique.

A travers le récit de cinq journées des années 2003, 1998, 1988 et 1978, Veneno raconte vingt-cinq ans de l’histoire argentine en collant aux basques d’un drôle de type, maigre, imbuvable mais attachant, baptisé Enrique Domingo, que tout le monde appelle Veneno parce qu’il empoisonne tout ce qu’il approche. Veneno plaît aux filles, adule le poète Pablo Neruda, ne fait rien de ses journées sauf picoler, gratter sa guitare ou chercher la bagarre. Il a largué Patricia après leur premier enfant pour se mettre en ménage avec sa cousine Susana, qui lui a fait d’autres bébés dont il n’a cure.

Lorsque le livre s’ouvre, sa mère est morte, il vient de quitter la veillée d’enterrement et marche dans les rues de la ville pour oublier la tristesse de son père et le souvenir de sa mère. A la fin du livre, il a tenté de retrouver Stella, son amour de jeunesse, de lui faire l’amour. Entre deux, il a distribué des papillons à l’effigie du Che, milité pour le Parti communiste, écrit des poèmes comme Neruda, et ramené des filles enceintes à la maison. Antihéros égoïste, malheureux, lâche, idéaliste et menteur, Veneno nous chante pourtant une ballade familière, plus désabusée que sordide, plus mélancolique que cruelle: rester, partir, c’est pareil.

«Veneno». D’Ariel Bermani. Ed. BSN Press, 172 p. Lancements jeudi 28 avril au Salon du livre de Genève (Place suisse, 17 h) et dimanche 1er mai au centre culturel Pôle Sud, à Lausanne (11 h).

Isabelle Falconnier