Écrire à partir d’aujourd’hui

Je ne peux écrire que depuis celui que je suis aujourd’hui. Je ne peux pas écrire depuis celui que j’étais hier, depuis celui que je serai demain ou depuis celui que j’aimerais être aujourd’hui. À partir de cette prémisse, bien entendu, tout est possible : l’ancrage sera là et la justesse pourra se déployer, qu’elle soit de l’ordre de l’imaginaire ou du récit de soi.

Comment articuler ce que j’ai vécu et ce que j’imagine ? Comment importer des éléments de ma vie dans la fiction ? Quelles transformations vont-ils subir ? Quelle place faire aux autres dans mon texte ? Comment écrire autour de mes proches ? Comment les intégrer dans mon projet d’écriture ? Comment inventer à partir de celle ou de celui que je suis ? Comment construire quelqu’un ou quelque chose qui, en apparence, ne me ressemble pas ?

En nous appuyant sur ces questions, nous allons faire, durant cette semaine, des expériences pour sortir de nos habitudes de rédaction, pour en découvrir d’autres qui seront complémentaires et nous permettront d’élargir notre palette créative. Nous pratiquerons la méditation, la marche en conscience, mais aussi l’écriture automatique avec différentes contraintes pour collecter tout ce qui se présentera afin de l’intégrer à notre processus de création. Nous sortirons également de l’écriture linéaire – une phrase, puis une autre et encore une autre qui forment un paragraphe – pour explorer d’autres manières de rassembler et d’utiliser les mots.

Ce travail demandera de porter attention à ce qui se passe en nous pendant l’écriture. Reconnaître une émotion, sentir comment elle se manifeste dans notre corps, dans notre mémoire ou dans nos mots, nous aidera à nous éloigner des clichés et des automatismes. Nous verrons comment une même émotion peut prendre des formes très différentes selon le contexte, le personnage, la situation, et comment éviter les raccourcis qui figent le texte au lieu de l’ouvrir.

Écrire sur soi, c’est écrire sur le monde, écrire sur le monde, c’est écrire sur soi. Quand j’invente une histoire, je parle de moi, quand j’écris ma vie, mon histoire sera en partie une invention qui comblera les vides et les déformations de ma mémoire. De jour en jour, des plages d’écriture alterneront avec des périodes de partage au sujet des textes rédigés : les thématiques et les questions évoquées par le récit d’un des participants seront utilisées à tour de rôle pour nourrir la réflexion au sujet des textes nés en parallèle.

Que vous choisissiez de rester très proches de votre vécu ou, au contraire, de le fictionnaliser, nous travaillerons à déplacer ce qui peut l’être pour donner à vos textes plus de portée narrative et plus de souplesse. Nous chercherons aussi à conserver, au cœur de ces récits transformés, l’énergie et la nécessité qui les ont fait naître. Quel que soit votre projet, vous repartirez avec des outils concrets pour l’affiner, le rendre plus juste, plus sensible et plus vrai.

La Distylerie à Fleurville au bord de la Saône, du 28 juin au 3 juillet, 1100.– euros (atelier et pension complète, 8 participants maximum). Inscriptions directement sur le site de la Distylerie (vous pouvez aussi prendre directement contact avec moi le temps que le programme 2026 soit mis en ligne).