Au fil de l’histoire

La Distylerie est construite au bord de la Saône, une rivière large et calme dont on se demande, en la regardant, dans quel sens elle coule. Par contre, quand on y entre pour se rafraîchir en plein été, plus aucun doute possible : on est porté par le courant. C’est exactement ce que je vous propose de faire durant cette semaine : vous plonger dans votre texte pour sentir dans quelle direction il vous emmène et suivre son flux sans effort.

Votre texte, que vous ayez écrit son premier mot ou non, est déjà là. Voilà des mois, parfois des années, que vous rassemblez des idées, peut-être des notes, des fragments, des scènes, des débuts possibles. Vous savez que vous voulez raconter quelque chose – l’histoire d’une famille, le récit d’un voyage, une enquête, une saga de science-fiction – mais le texte résiste encore à sa forme. Ce qui vous pousse à écrire n’est pas seulement une intrigue ou un sujet, mais une nécessité plus profonde, une tension qui traverse l’ensemble et cherche sa voie : l’histoire au fil de l’histoire.

Pendant cette semaine, nous allons apprendre à écrire dans le sens du texte, comme le sculpteur observe le sens des fibres du bois dans lequel il va creuser pour que son geste s’accorde avec la matière. Nous allons suivre le mouvement du récit, observer ses ralentissements, ses bifurcations, ses zones d’accalmie. Comme la Saône, l’histoire avance parfois en ligne claire, parfois en méandres, parfois presque immobile en surface alors que quelque chose œuvre en profondeur.

Pour travailler avec ce mouvement plutôt que contre lui, il faudra mettre provisoirement à distance ce que nous croyons savoir de notre projet, suspendre certaines habitudes d’écriture pour revenir à ce qui en constitue le courant principal. Nous explorerons des manières de travailler la matière du texte qui ne passent pas uniquement par la progression linéaire. Fragmentation, listes, déplacements, montages provisoires : autant de gestes qui permettent de faire apparaître des continuités souterraines, des motifs récurrents, des lignes de force que le récit continu tend parfois à masquer.

À mesure que cette écoute s’affinera, l’histoire commencera à se dessiner plus nettement. Ce qui était déjà là – notes, fragments, scènes isolées – trouvera sa place, sans contrainte, par nécessité. Nous passerons alors du temps à écrire à partir de cette clarté nouvelle, à tester des formes, à lire des extraits, à partager les questions que pose le texte en train de se faire. De jour en jour, des plages d’écriture alterneront avec des périodes de partage au sujet des textes rédigés : nous nous appuierons à tour de rôle sur les fragments partagés pour nourrir nos réflexions sur comment nous laisser porter par nos récits.

Au fil de l’histoire n’a pas pour objectif de finaliser un manuscrit, mais de donner une direction juste à votre projet. Vous repartirez avec une compréhension plus fine de ce qui met votre texte en mouvement, des outils pour continuer à l’accompagner sans le figer, et la capacité de reconnaître, dans la masse des matériaux accumulés, ce qui constitue le véritable courant de votre récit.

La Distylerie à Fleurville au bord de la Saône, du 7 au 14 août, 1100.– euros (atelier et pension complète, 8 participants maximum). Inscriptions directement sur le site de la Distylerie (vous pouvez aussi prendre directement contact avec moi le temps que le programme 2026 soit mis en ligne).