Désirs puritains

Martine Charlet a choisi de mettre en scène une pièce du dramaturge d’origine irlandaise Eugene O’Neill. Ce dernier, né à la fin du siècle passé et nobelisé en 1936, est considéré comme le pionnier et le père fondateur du théâtre américain. Son oeuvre montre une volonté de saisir la vraie vie, de l’exposer sans fard en débarrassant sa représentation des conventions bourgeoises.

L’intrigue du «Désir sous les ormes» prend place dans l’Amérique puritaine de la Nouvelle-Angleterre. Un homme a décidé d’y installer sa ferme et de combattre avec obstination la dureté rocailleuse de son sol. Il choisit d’épouser en troisièmes noces une jeune femme dont l’un de ses fils s’éprend. Relation triangulaire sous le double regard du fantôme d’une mère terrassée par le travail et d’un Dieu peu clément, valse des envies.

La direction d’acteurs, cohérente dans sa linéarité, prive les personnages d’une certaine vigueur: leurs désirs semblent comme étonnés, retenus. Quant aux crêtes dramatiques, elles souffrent également de leurs rondeurs excessives: le spectateur se surprend parfois à ne comprendre qu’après coup l’importance d’un événement. Quelques accents, quelques points d’orgues quelques respirations supplémentaires, auraient sans doute permis de donner plus de relief au tempo trop régulier de cette intrigue américaine.

Pierre Fankhauser

Lausanne, Théâtre de l’Arsenic, jusqu’au 30 janvier. Tournée en Suisse romande jusqu’au 26 février. Rens. (021) 625 11 36.